6 de fevereiro de 2005

Le Goût Du Néant

Morne esprit, autrefois amoureux de la lutte,
L´Espoir, dont l´éperon attisait ton ardeur,
Ne veut plus t´enfourcher! Couche-toi sans pudeur,
Vieux cheval dont le pied á chaque obstacle butte.

Résigne-toi, mon coeur; dors ton sommeil de brute.

Esprit vaincu, fourbu! Pour toi, vieux maraudeur;
L´amour n´a plus de goût, non plus que la dispute;
Adieu donc, chants du cuivre et soupirs de la flûte!
Plaisirs, ne tendez plus un coeur sombre et boudeur!

Le Printemps adorable a perdu son odeur!

Et le Temps m´engloutit minute par minute,
Comme la neige immense un corps pris de roideur;
Je contemple d´en haut le globe en sa rondeur
Et je n´y cherche plus l´abri d´une cahute.

Avalanche, veux-tu m´emporter dans ta chute?

Charles Baudelaire

Sem comentários: